Théâtre


REPRÉSENTATIONS :
Les vendredis 17, 24 et les samedis 11, 18 et 25 AVRIL à 20h00
Les dimanches 12, 19 et 26 AVRIL à 15h00
RÉSERVATION OUVERTE AU : 02.38.95.20.48     
                                      

Edward Albee  a bouclé quatre fauves dans une cage. Quatre personnages, dans un salon, vont vivre la plus singulière et la plus normale, la plus burlesque et la plus tragique, la plus atroce et aussi la plus tendre des nuits. Il y a George, professeur d’histoire, marié depuis plus de vingt ans à Martha, fille du grand patron de l’université. Il y a là Nick, jeune professeur tout fraîchement arrivé pour enseigner la biologie dans cette université. Enfin, il y a Honey, son épouse.

La pièce commence quand George et Martha rentrent chez eux, au retour d’une réception donné par le père de Martha. Celle-ci apprend à George qu’elle a invité le jeune professeur de biologie et son épouse à venir prendre un verre… Il est deux heures du matin. et arrivent Nick et Honey. Alors va éclater, entre George et Martha, la plus fantastique scène de ménage qu’écrivain de théâtre ait jamais conçue. Scène de ménage truquée, car, pour George et Martha, il ne s’agit que de prononcer, cette nuit-là, les aveux les plus étranges et les plus déchirants de leur vie. Pourquoi devant témoins ? Pourquoi devant Nick et Honey ? Parce ce que ces aveux doivent être inéluctable. Parce que certain rêve qui liait ces deux êtres par le plus secret des liens doit, précisément cette nuit-là, être détruit. Parce qu’il n’est plus possible de défier la raison(même lorsque ce défi n’est que le secret le plus secret d’un homme et d’une femme) sans courir le risque d’être aspiré par les abîmes de la folie. Alors, tout au long de cette nuit-là, à coups de sincérités tantôt hurlées,et tantôt hoquetées, à coups de ruses et de mensonges, à coups d’ « énormités » et de vraisemblances, Georges et Martha vont expulser la folie de leur âme et de leur corps. D’abord ils joueront à mettre en scène leurs rapports et leur drame, mais bientôt la machine en marche, qu’il sera impossible d’arrêter. Ils avaient « monté » un rêve, puis le rêve est devenu trop fou. Avant qu’il ne soit monstre qui dévore à jamais leur raison, il faut faire quelque chose. Georges le sait. George ira jusqu’au bout afin de pouvoir, à la fin de ce voyage au fond de la nuit, sauver Martha des derniers désespoirs. L’aube se lève, les démons sont exorcisés. Il ne reste plus à Georges et Martha qu’à s’aimer avec les moyens du bord, avec les pauvres moyens de l’humble raison et de la vie, avec l’infinie tendresse de ceux qui savent qu’ils n’auront plus d’espoir, mais qu’ils marcheront, solitaires et unis, vers le dernier rivage. Nick et Honey, aspirés par le tourbillon, secoués par la tempête, se retrouverons unis. Les témoins qu’ils étaient sont devenus complices et, pour avoir approché de trop près la passion de Georges et Martha, eux aussi désormais n’auront d’autre recours que de s’avancer, les yeux ouverts, vers ce que sera leur vie. Edouard ALBEE a fabriqué une bombe à je ne sais quel uranium. Il l’a agencée et réglée d’impitoyable façon. Le rideau s’ouvre et explose. Les réactions en chaîne inexorablement se produisent. Réplique après réplique, scène après scène, acte après acte, décors et apparences sont soufflés et s’écroulent. Reste à la fin, transis et nus, deux hommes et deux femmes qui vont tenter de vivre comme se lève, au-dessus de ce paysage rasé, le froid soleil d’une aube nouvelle. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Georges et Martha sont des héros. Même si leur démarche titube, même si les pitreries les plus insensées les font zigzaguer, regardez bien comment ils s’avancent au cœur de leurs ténèbres. Avec quel courage. Avec quelle force. Avec quelle terrible lucidité. Avec quelle sombre passion. Ils marchent, rampent, titubent et se traînent vers le faite. Et là, la statue qu’ils y dressent, vacillante, qu’on ne s’y trompe pas, elle est celle de la plus haute et de la plus grave tragédie.